Le Pouvoir des Réseaux Sociaux : Entre Exploitation et Illusion de Propriété
Depuis environ un an, François Montout, sculpteur et créateur de contenu, s’est éloigné de YouTube pour se consacrer à sa passion artistique et partager ses créations sur Instagram. Mais récemment, une réflexion profonde sur la nature des réseaux sociaux l’a poussé à reprendre la parole sur YouTube pour aborder un sujet complexe et pertinent : le rapport entre les créateurs de contenu, leurs abonnés, et les plateformes qui hébergent leurs œuvres.
L’Illusion de Posséder des Abonnés
François commence par clarifier une idée qu’il considère comme une erreur de langage couramment acceptée : celle des créateurs de contenu « possédant » leurs abonnés. Selon lui, il est incorrect de penser que les abonnés sur YouTube ou Instagram appartiennent aux créateurs. En réalité, ces abonnés sont avant tout liés aux plateformes elles-mêmes.
Moi, je n’ai pas d’abonnés,affirme-t-il.Vous êtes les abonnés de YouTube, pas les miens. Sur Instagram, ce n’est pas moi que vous suivez, mais Instagram.
Cette distinction est importante car elle reflète la manière dont les plateformes façonnent les comportements des utilisateurs, inscrivant dans leur esprit le réflexe d’ouvrir une application pour consommer du contenu sans chercher spécifiquement un créateur particulier.
La Métaphore de la Féodalité et du Capitalisme Moderne
François Montout propose ensuite une métaphore surprenante : il compare le modèle des réseaux sociaux à une forme moderne de féodalité. Inspiré par les propos d’un économiste grec, il explore l’idée que les réseaux sociaux, en particulier Instagram et YouTube, possèdent des « esprits humains » en tant que ressources, tout comme un seigneur féodal possédait des terres. Dans ce système, les créateurs de contenu jouent le rôle de « serfs » modernes, exploitant cette propriété au profit des plateformes.
Instagram possède des cerveaux humains,explique-t-il.Il a besoin de serfs pour s’occuper de ces esprits et rendre cette propriété lucrative.
Les créateurs de contenu, loin d’être des propriétaires, sont en réalité des travailleurs qui aident à maintenir et entretenir l’addiction des utilisateurs aux réseaux sociaux. En publiant des vidéos et des images, ils nourrissent la plateforme sans vraiment posséder la relation avec leur public.
Une Exploitation Économique Invisible
François poursuit sa réflexion en mettant en lumière la manière dont cette dynamique d’exploitation se traduit économiquement. Il compare le modèle actuel des réseaux sociaux avec celui du salariat traditionnel, où une personne produisant de la valeur était rémunérée pour son travail. Aujourd’hui, le modèle a changé : les créateurs produisent du contenu, mais ce sont les plateformes qui en récoltent la majorité des bénéfices, sans redistribuer équitablement la valeur créée.
Il y a des millions d’heures de travail qui partent sur YouTube et Instagram, mais cet effort ne revient pas à ceux qui ont produit le contenu,souligne-t-il. Pour François, cette situation entraîne une « fuite » économique où une partie significative de la production humaine est absorbée par les géants du numérique, sans retour direct pour les créateurs.
Un Modèle qui S’éloigne de la Féodalité Traditionnelle
Bien qu’il trouve des parallèles pertinents avec le féodalisme, François exprime des réserves vis-à-vis de cette comparaison. Selon lui, un seigneur féodal était physiquement présent et pouvait interagir directement avec les serfs travaillant ses terres. Cette proximité avait, selon lui, certains avantages par rapport à la relation abstraite et déshumanisée qu’imposent les grandes plateformes numériques.
Instagram n’est pas une personne physique proche de moi,précise-t-il.C’est une entité gigantesque avec des intermédiaires intellectuels, moraux, numériques partout. On perd cet aspect physique, cette présence humaine qui rendait le féodalisme un peu plus tangible.
Une Réflexion sur le Pouvoir Abstrait des Plateformes
Pour François, le problème réside en partie dans la nature abstraite et immatérielle de ce pouvoir moderne. Alors que les seigneurs féodaux pouvaient exercer un contrôle direct et visible, les plateformes comme YouTube et Instagram représentent des systèmes complexes de règles, de procédures et d’algorithmes qui gouvernent les interactions sans visage humain. Cette abstraction du pouvoir est, selon lui, profondément terrifiante et inquiétante.
Ce système abstrait qui gouverne mon existence concrète, moi, ça me terrifie,confie-t-il.L’État, les plateformes, ce sont des ensembles de règles, d’algorithmes, de procédures. C’est impersonnel et ça nous éloigne d’une relation plus directe et tangible avec le pouvoir.
Une Vidéo Délibérément Décousue pour Une Réflexion Plus Large
François conclut cette première partie en admettant que son propos est volontairement décousu. Il souhaite partager une réflexion qui, bien que personnelle et parfois fragmentée, touche à des thèmes importants : la relation entre le créateur et la plateforme, l’exploitation des contenus, et la façon dont le pouvoir numérique transforme les dynamiques économiques traditionnelles.
La suite de cette réflexion promet de plonger encore plus profondément dans les mécanismes qui sous-tendent cette nouvelle forme de servitude numérique, où les créateurs de contenu deviennent des acteurs essentiels, mais largement sous-évalués, d’un système qui semble avoir réinventé la dépendance économique sous un autre nom.
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