Définition : le terme slop fait référence, en anglais, aux dépôts de boue accumulés dans les citernes des navires. Aujourd’hui, il s’applique à tous ces contenus numériques générés par l’IA qui inondent nos écrans : articles insipides, images absurdes ou vidéos sans le moindre intérêt. Contrairement aux spams, conçus pour capter notre attention de manière directe, le slop se caractérise par son inutilité profonde et son absence totale d’interaction[1].
Quand l’IA déraille : un moteur de recherche qui conseille de mettre de la colle sur sa pizza
Imaginez taper « pizza » dans votre moteur de recherche, et découvrir qu’un « bon » moyen de fixer le fromage consiste à y ajouter une goutte de colle… Voilà un exemple frappant de slop. Autre illustration : ces livres électroniques à bas prix, disponibles sur Amazon, rédigés à la va-vite ou émaillés d’erreurs. Le point commun ? Un contenu vide de sens, généré automatiquement, qui inonde le marché[2].
À l’opposé du slop, on retrouve des textes pertinents, rédigés par de véritables auteurs, et capables de satisfaire pleinement les attentes du lecteur.
Les ravages du slop : du simple désagrément à la menace informationnelle
Au-delà de l’inconfort qu’il génère, le slop menace la fiabilité des informations en ligne. Google, par exemple, a intégré l’IA Gemini dans sa nouvelle expérience de recherche (Search Generative Experience, ou SGE). L’idée est de fournir une « AI overview » pour répondre directement aux requêtes des internautes. Si le concept semble prometteur, il a déjà entraîné des ratés mémorables, comme ce fameux conseil de pizza à la colle[3].
Un enjeu de confiance et de sécurité
La diffusion massive de contenus erronés a des conséquences potentiellement dangereuses. Certains
ebooks sur la cueillette de champignons, rédigés par des chatbots comme ChatGPT d’OpenAI,
fournissent des informations approximatives, voire complètement fausses, mettant en danger les lecteurs
qui s’y fieraient[4].
Simon Willison et la nécessité de nommer le phénomène
Simon Willison, programmeur britannique, est l’un des premiers à avoir mis en lumière l’importance
de ce phénomène, plaidant pour l’adoption généralisée du terme slop. Avant que le mot
« spam » ne s’impose, il était difficile de reconnaître (et de condamner) les messages
publicitaires indésirables. Willison espère que le terme slop jouera un rôle similaire,
aidant le public à identifier et à rejeter les contenus IA de mauvaise qualité[5].
Conséquences économiques et sociales du SLOP!
L’avalanche de slop qui envahit le web a des répercussions bien plus larges que le simple
inconfort visuel. Les annonceurs, par exemple, constatent que la prolifération de ces contenus
médiocres engendre de la confusion : les publicités légitimes se retrouvent parfois associées
à des créations douteuses, diminuant leur impact[6].
Par ailleurs, si la lutte contre le spam a exigé d’importants moyens pour redéfinir
l’écosystème de l’e-mail, la problématique du slop s’annonce encore plus ardue à résoudre.
Les géants de la tech, autrefois garants de la qualité de l’information, contribuent désormais à
la propagation de ce phénomène en intégrant à grande échelle des algorithmes génératifs à leurs
services, à l’exemple de Google et de Microsoft (principal investisseur d’OpenAI)[7].
Vers une nouvelle éthique du contenu en ligne avec le S L O P?
Face à ce raz-de-marée de contenus insipides, l’élaboration d’une nouvelle éthique numérique devient
impérative. Il est crucial que les internautes développent un esprit critique face aux articles ou
vidéos qu’ils consomment. Quant aux grandes plateformes, elles doivent assumer leurs responsabilités
en contrôlant mieux la diffusion de contenus douteux et en faisant preuve de transparence quant à
leurs pratiques.